Bayeux
La cathédrale Notre-Dame
La cathédrale Notre-Dame de Bayeux est l'un des chefs-d'œuvre de l'architecture romane et gothique normande.
Située à l'emplacement présumé du forum de la cité gallo-romaine d'Augustodurum et remplaçant un édifice d'époque mérovingienne, l'actuelle cathédrale a été consacrée le 14 juillet 1077 et fait partie intégrante d'un ensemble épiscopal remarquablement préservé.
C'est pour elle que fut réalisée la célèbre Tapisserie de Bayeux.
Elle fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1862.
Période romane
À la suite d'un incendie, Hugues II de Bayeux (1015-1049) décide la reconstruction de la cathédrale.
Elle est terminée par son successeur Odon de Conteville (1049-1097).
Les dates extrêmes de sa construction sont selon Jean Vallery-Radot comprises entre 1040 et 1080.
Orderic Vital donne le crédit entier de sa construction à Odon de Conteville, mais il est contredit par Robert de Torigny.
La nef était flanquée de bas-côtés surmontés de tribunes.
Elle possédait également, caractéristique de l'architecture normande, une tour-lanterne.
Les éléments romans primitifs du XIe siècle encore visibles de nos jours sont formés de la crypte (1050-1060) et des tours du massif occidental (vers 1070-1090).
La crypte est constituée de trois vaisseaux voûtés d'arêtes retombant sur des chapiteaux principalement ornés de feuilles d'acanthes.
Sont également conservés dans la crypte deux chapiteaux du XIe siècle provenant de la croisée du transept et mis au jours à l'occasion des travaux de restauration de la tour centrale.
Ils font partie des plus remarquables chapiteaux historiés normand d'époque ducale (1060-1070). Les autres éléments décoratifs notamment les fresques datent du XVe siècle.
Le massif occidental originel est désormais sous-jacent aux adjonctions d'époque gothique.
C'est au rez-de-chaussée des tours que l'on perçoit le mieux les particularités de l'architecture romane normande primitive.
Il convient ici de noter les différences entre le voûtement du rez-de-chaussée de la tour sud formé d'un classique berceau renforcé d'un arc doubleau et celui de la tour nord presque hémisphérique et renforcé de deux arcs doubleaux se croisant perpendiculairement.
Dès le début du XIIe siècle, à la suite de l'incendie de l'édifice en 1105 sont entrepris d'importants travaux qui toucheront progressivement toutes les parties de l'édifice et qui se prolongeront jusqu'à la fin du XVe siècle par le couronnement de la tour centrale.
Le chantier débute vers 1120-1130 par la reprise des parties basses de la nef typiques du roman normand.
Appartiennent ce cycle le décor des grandes arcades en plein cintre constitué de motifs géométriques agrémentés de masques fantastiques.
Au-dessus, la paroi murale est composée d'un vaste tapis de motifs géométriques avec, dans les écoinçons un ensemble de bas-reliefs historiés qui trouvent d'évidents parallèles dans les motifs des scriptoria contemporains du sud de l'Angleterre.
Période gothique
Le chantier gothique débute par les bas-côtés de la nef vers 1180 dans un style directement emprunté à l'Ile de France.
Les murs extérieurs sont éliminés un siècle plus tard pour l'édification progressive des chapelles latérales (vers 1280-1350).
Le chœur gothique réédifié vers 1230 est remarquable pour ses éléments typiquement normands : arcs brisés très aigus, profusion des colonnes et colonnettes, richesse du décor constitué de médaillons, rosaces ou quadrilobes ajourés dans les écoinçons,un vaste triforium remplaçant les tribunes au détriment des fenêtres hautes.
Vers 1245-1255 on assiste à la reprise des parties hautes de la nef, dans un parti-pris différent avec suppression du triforium au bénéfice de vastes baies. Enfin, vers 1260 et 1280 est entrepris la recomposition du transept.
Parmi les éléments gothiques remarquables de la cathédrale de Bayeux figurent également la Salle du chapitre avec son labyrinthe pavé et la Salle du Trésor qui conserve un mobilier remarquable (coffret d'ivoire du XIe siècle, chasuble dite de Saint Regnobert du XIIe siècle, armoire reliquaire du XIIIe siècle, siège épiscopal du XIVe siècle) dont l'accès est possible sous certaines conditions.
Le chantier gothique ne se limite pas aux espaces intérieurs de la cathédrale comme le prouve son aspect extérieur notamment sa façade occidentale, le portail du transept sud dit "du doyen" et naturellement sa tour centrale.
Jouxtant l'édifice sur son flanc nord, se déploie un espace dévolu au clergé de la cathédrale, au centre duquel s'élève la bibliothèque du chapitre, édifice du milieu du XVe siècle qui rassemble encore de nos jours nombre d'ouvrages précieux dans un étonnant aménagement néogothique datant d'époque restauration.
Pendant les guerres de religion, la cathédrale fut pillée par des huguenots en 1562-1563 menés par le petit noble François de Bricqueville.
Les statues, stalles et orgues sont détruits tout comme les reliques du trésor.
Un nouveau jubé est construit en 1700.
La tour-centrale est couronnée d'un dôme de style classique, œuvre de l'architecte Jacques Moussard.
Ces réalisation ont lieu sous l'épiscopat de François de Nesmond.
Depuis la Révolution
À la Révolution, de nouveaux pillages interviennent en 1790, puis la cathédrale devient un temple de la Raison.
Délaissée par la suite, elle subit de nombreuses détériorations.
Des travaux de restaurations sont entrepris au XIXe siècle.
En 1851, des restaurations sont conduites par l'architecte Eugène Viollet-le-Duc : le jubé doit être détruit et des travaux d'étayage sont entamés.
Viollet-le-Duc souhaitant raser la tour centrale qui menace de s’effondrer, celle-ci est finalement sauvée grâce à l'intervention de l'ingénieur Eugène Flachat, par une reprise en sous-œuvre sous la direction des architectes Henri de Dion et Louis Lasvignes.
Elle sera recouverte par la suite d'un dôme de cuivre par l'architecte diocésain Gabriel Crétin.
Architecture
L'extérieur
La façade occidentale
La façade occidentale, qui fait face à une place située au croisement des rues des Cuisiniers, des Chanoines, de la Maitrise et L.L. Le Forestier, est encadrée par deux tours romanes avec des fenêtres en plein cintre à la base des flèches gothiques.
Elles ont été renforcées par d'épais contreforts à ressauts après l'incendie de 1105.
Les deux tours sont flanquées d'une tour d'escalier romane, dont celle au nord est surmontée par une construction appelée « tour du guet ».
Le niveaux inférieur comprend cinq porches dont seules les trois au centre correspondent aux portes d'entrée de la cathédrale.
Le portail central a été transformé en 1778.
Les deux portails latéraux, malgré la perte de leurs grandes statues en 1562, conservent les statues des voussures et leur tympan.
Tympan du portail nord, racontant la Passion du Christ
Le tympan du portail nord raconte la Passion du Christ.
La scène inférieure évoque la Cène et le lavement des pieds, la scène au-dessus l'arrestation au jardin des oliviers, la flagellation et le portement de croix, la troisième la crucifixion et la dernière représente Dieu le Père en majesté.
Tympan du portail sud, représentant le jugement dernier
Celui du portail sud représente le Jugement dernier.
La première et deuxième scène évoquent les morts sortant de leurs tombeaux.
À droite sous la porte figure l'enfer avec le diable au centre, la troisième scène voit une procession des élus vers une « Jérusalem céleste ». Sur la dernière scène trône le Christ en majesté entouré de deux anges et de deux personnages agenouillés.
Une balustrade formée de quadrilobes inscrits dans un cercle surmonte le portail central.
Clerc à genoux sur l'écoinçon gauche de la balustrade du portail central
L'écoinçon de gauche figure un clerc à genoux, probablement un donateur.
Galerie des évêques
Au-dessus s'ouvre une grande fenêtre rayonnante, surmontée d'une galerie avec les statues de dix évêques, disposés deux par deux dans des baies géminées surmontées de gâbles décorés de trilobes et de roses aveugles. Un grand gâble couronne le tout, orné de crochets et décoré de roses aveugles.
Un des contreforts, édifié au début du XII e siècle pour renforcer la tour sud, est agrémenté d'une inscription funéraire, sans doute d'Isabelle de Douvres, sœur de l'évêque Richard II.
La nef
Façade sud des chapelles latérales
La nef est flanquée d'arcs-boutants à double-volée, la seconde réalisée en même temps que les chapelles latérales.
Portail latéral sud
Le portail latéral est de style gothique primitif.
Son porche, qui comprend deux travées, est aligné avec les chapelles latérales.
Il s'ouvre par deux arcs séparés par un pilier rond cantonné de colonnettes et permet l'accès aux deux portes surmontées d'un occulus chacune.
Le transept
Le transept s'élève sur deux niveaux.
Transept sud
Le portail du doyen
Le transept sud est occupé dans sa partie basse par le portail du Doyen ou portail de saint Thomas Becket.
Il est entouré d'un décor rayonnant d'arcatures aveugles.
Le portail comporte deux portes séparées par un trumeau.
Tympan du martyre de Thomas Becket
Son tympan à trois frises relate le martyre du saint évêque.
Le premier registre raconte l'assemblée de Northampton (1164) qui marque la rupture entre Thomas et le roi d'Angleterre Henri II puis l'assemblée d'Amboise (1170) qui voit la réconciliation des deux hommes.
Le deuxième registre montre sa traversée de la Manche sur un navire, sa chevauchée et son martyre.
Le troisième registre est une scène de vénération du tombeau.
Le portail est surmonté d'une balustrade ajourée et d'une grande fenêtre rayonnante.
Le sommet est couronné d'une galerie de cinq arcatures coiffée d'un gâble et encadré par deux tourelles.
La tour centrale
La tour centrale
De base carrée, elle est décorée d'arcatures aveugles.
La balustrade de style flamboyant permet la transition du carré à l'octogone.
Ses quatre coins comportent les bustes de prophètes et d'une Vierge à l'enfant.
Le premier étage (1477-1479) comprend six baies aux remplages flamboyants, restaurées au xixe siècle par Gabriel Crétin.
Il construit en 1866 un deuxième niveau de style néo-gothique.
La tour est couronnée d'un dôme de cuivre surmonté d'un tourelle et d'une flèche.
Le chevet
Chevet avec la chapelle axiale qui émerge
Le chevet dérive de celui de l'abbatiale Saint-Étienne de Caen.
Les chapelles rayonnantes, à part la chapelle axiale, sont inscrites dans la construction.
Le chœur de style gothique a été construit entre 1220 et 1240.
Il présente les caractéristiques du gothique normand comme Saint-Étienne de Caen, Coutances et Sées.
La partie supérieure des contreforts des arcs-boutants accueille des statues représentant la Vierge, des évêques et des saints.
Elles ont été remplacées au XIXe siècle par des copies.
Chevet et statues sur les contreforts des arcs-boutants
Constructions accolées
Tour nord de la cathédrale de Bayeux avec son escalier et la salle du chapitre au devant
La face nord de la cathédrale est visible depuis le percement du passage Flachat en 1896.
La sacristie a été construite en 1900 en style néo-gothique.
Le bâtiment de la bibliothèque du chapitre, qui comporte deux niveaux, a été construit entre 1429 et 1436.
Le premier niveau comprenait le scriptorium, éclairé par quatorze fenêtres simples à meneau.
Le second niveau abritait la bibliothèque, réaménagée au XVII e et XIXe siècles.
Ses baies médiévales ont été remplacées par de grandes fenêtres dans les années1850.
Dans le prolongement de la tour nord se trouve la salle du chapitre.
Le premier niveau comprend une salle sous-capitulaire, qui donnait accès au cloître aujourd'hui disparu.
Le deuxième niveau accueille la salle du chapitre dont l'extérieur conserve son aspect gothique primitif.
L'intérieur
La nef
Intérieur. La pierre calcaire est ciselée
Les bas-côtés et ses chapelles
- Bas-côté nord :
- Chapelle Saint-Antonin-et-Sainte-Croix
- Bas-côté sud :
- Chapelle Saint Hilaire, Saint-Contest et Sainte Honorine
- Chapelle Saint Julien et Saint Exupère
Elle abrite la tombe de Jean-Baptiste Hue de Launay ( ?? - 8 avril 1722), né à Coutances, vicaire général du diocèse de Bayeux, archidiacre de Caen.
Le transept et la croisée
- Chapelles Saint-Nicolas et Saint-Thomas Becket, bras sud du transept.
Chapelles Saint-Nicolas et Saint-Thomas Becket
Le chœur
Le déambulatoire
Les chapelles rayonnantes
- Chapelle Notre-Dame
C'est
dans cette chapelle, qui fut longtemps celle du Saint Sacrement, que
Thérèse Martin (Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus) vint se recueillir
avec son père le 31 octobre 1887, avant sa visite à Monseigneur l'évêque
de Bayeux pour lui demander l'autorisation d'entrer au carmel de
Lisieux, à l'âge de 15 ans.
Les orgues
- L'orgue de tribune
Grand orgue Cavaillé-Coll de la cathédrale de Bayeux | |
Localisation | |
---|---|
Pays | France |
Région | Basse-Normandie |
Département | Calvados |
Commune | Bayeux |
Édifice | Cathédrale Notre-Dame de Bayeux |
Latitude Longitude | |
Facteurs | |
Construction | Jean d'Argillières 1597 |
Reconstruction | John Abbey 1843 Aristide Cavaillé-Coll 1862 |
Restauration | Renaud-Ménoret 1998 |
Caractéristiques | |
Jeux | 43 |
Claviers | 3 & 1 pédalier |
Protection | Classé MH (1975, buffet, 1973) |
Le buffet est reconstruit et agrandi par Le Breton de Caen de 1845 à 1848 pour un orgue de John Abbey.
Il réemploie des éléments du buffet de 1597, réalisé par Jacques Lefèbvre pour un orgue de Jean d'Argillières.
De nouvelles modifications sont apportées en 1862 par Aristide Cavaillé-Coll dont l'orgue, restauré par Renaud-Ménoret de 1996 à 1998, est celui d'aujourd'hui.
Le buffet est classé Monument Historique depuis le 20 février 1975 et l'instrument depuis le 18 décembre 1973.
- L'orgue de Chœur
Orgue de chœur Cavaillé-Coll de la cathédrale de Bayeux | |
Localisation | |
---|---|
Pays | France |
Région | Basse-Normandie |
Département | Calvados |
Commune | Bayeux |
Édifice | Cathédrale Notre-Dame de Bayeux |
Latitude Longitude | |
Facteurs | |
Construction | Aristide Cavaillé-Coll (1861) |
Caractéristiques | |
Jeux | 12 |
Claviers | 2 & 1 pédalier |
Protection | Classé MH (1998, buffet, instrument) |
Construit par Aristide Cavaillé-Coll en 1861, le buffet a été dessiné par Lienard.
L'orgue est classé Monument Historique en totalité (buffet & instrument) depuis le 23 décembre 1998.
La crypte
L'escalier qui mène du chœurà la crypte
La crypte de la cathédrale
Le chapiteau sculpté d'une colonne
Un chapiteau roman, vestige de la première cathédrale
Les cloches
On compte en tout quinze cloches :
- La cloche des Heures, ou le Timbre, de 1727, pour 1 000 kg, avec un diamètre de 1,20 m.
- Les dix plus petites ont été coulées en 1797 par un fondeur Dubosq situé dans la Manche. Elles ne sont que tintées : La3 Si3 Do#4 Ré4 Mi4 Fa4 Fa#4 Sol4 Sol#4 La4. Elles sont dans la tour de croisée.
- Les deux petites cloches à la volée ont le même nom : « Marie ». La petite Marie est un Sol#3, pesant environ 650 kg ; elle a été coulée en 1819 par Jean-Baptiste François Philippe Dubosq. La grande Marie est un Do#3, pesant environ1 800 kg ; elle a été coulée en 1858 chez Cornille-Havard.
Ces
cloches sont dans la tour sud. Avant la Révolution, il y eut dix
cloches volées (six en tour sud, et deux dans la nord, et deux dans une
tour sur la nef, disparue), remplacées par six autres en 1819, la petite
Marie en est la seule rescapée, et en 1858, la grosse Marie est arrivée
avec deux bourdons, Jeanne-Frédérique (Si2 - 2 800 kg) et Sophie-Françoise (La2 -4 000 kg).
Ils ne se balancent plus, mais des travaux de restauration vont les réparer, pour qu'elle soit, de nouveau, en service. Les bourdons sont dans la tour nord.
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